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3 mai 2009 7 03 /05 /mai /2009 17:38

Enseignement supérieur, recherche :  changer d’Europe pour changer le Monde.  

Signataires :

E Becker (Etudiante, Lettres Modernes Paris 3 Conseillère de Paris Groupe Communiste),    H .Berviller ( Sciences appliquées  Strasbourg ) ,F. Bonnarel (Observatoire Astronomique Strasbourg)  ,JM Bony ( Mathématicien , Académie des Sciences),J Broda (Pr Sociologie Université de la Méditerranée),  S Bonnéry (Sciences de l’Education Paris) ,J.Cernogora( Physicienne Retraitée CNRS),   G Chouteau( Physicien CNRS Grenoble ), C. Clément ( Psychologie, Strasbourg ).P. Crépel (Histoire des Sciences, CNRS ) , Cressely (Professeur, Palaiseau), D Faudot (Informaticienne Dijon)  ,L.Foulqier (ingénieur-chercheur en Ecologie , Marseille),  R. Fourme (Biophysicien Université Paris- Sud Orsay) ,J Gallot ( Physicien, Université de Rouen) ,  M Giacomo-Marcellesi (Pr Emerite Université Paris 3), JP Guelfucci ( Pr Toulouse 3) , J .Guespin-Michel( Pr Emérite, Université de Rouen),  J.Houles (Ingénieur CNRS ) , C.Kahane ( Astrophysique ,Université de Grenoble),  JP Kahane (Mathématicien, Académie des Sciences,  Orsay)  ,R. Katz ( Directrice de Recherche INSERM) O.Gebuhrer (MCF honoraire Mathématiques  Strasbourg ) , X.Lambert (Arts Plastiques Toulouse) ,H.Langevin (Physicienne , Orsay ) ,  P.Laroche (MCF honoraire, Italianiste Paris3)  G .Laschon( Enseignant Université Paris-Sud) ,   I. Lavallée ( Informaticien Paris 8  ) , P. Lederer (Physicien, Orsay),JC Liquet ( Pr associé Gestion, Université de Pau et des Pays de l'Adour), A Mesliand( Enseignante Université de la Méditerranée, Candidate du Front de gauche Grand Sud -Est )  C .Mills ( Economiste Paris) ,   M.Neveu (Informaticien ,Dijon) ), G. Monsonégo (Physicien Strasbourg ) , S Monsonégo (CNRS )  , A. Pagano (équipe GECCO Groupe d'Ecologie et Conservation des vertébrés, Angers),F Piola (MCU Lyon 1),   P Ribau( Pr Géographie honoraire Université Paris D Diderot),  P. Saly(MCF honoraire Histoire Paris) , C.Seureau (MCF honoraire Biologiste Paris ) , A. Téphany (Comédienne , Metteur en scène , syndicaliste ), C. Teichtell (Pr Emérite Toulouse 3 )  ,JP.Sceaux (Université du Hâvre) , F Sureau  (Biophysicien CNRS Paris) ,G .Vayrou (Agent Comptable d'Université Paris)   ……..

 

Les premiers signataires, Universitaires et Chercheurs , vous appellent à les rejoindre en signant sur:
 

  

  Pour SIGNER , Aller à :

AJOUTER UN COMMENTAIRE (ci dessous )(Lien BLEU!)  PUIS SIGNER NOM ET QUALITE , ETABLISSEMENT DISCIPLINE

La mondialité est au cœur de l’enseignement supérieur et de la recherche.  Elle se fit jour comme enjeu et donnée de civilisation dès l’origine ; elle s’imposa comme condition de la pensée créatrice contre l’Inquisition puis contre toute domination de type étatiste, économique, religieux  , idéologique. Les rencontres entre cet enjeu et le mouvement progressiste sont nombreuses, essentielles, non exemptes de contradictions et tensions importantes.  L’examen critique de ces rencontres devrait constituer un fil d’Ariane pour tout esprit progressiste

Dans la période contemporaine, après le désastre des deux guerres mondiales, la question centrale qui fédéra les plus éminents représentants de la pensée fut celle de la paix, donc du désarmement.

Les esprits mobilisés devant la menace de l’autodestruction de l’humanité marquèrent des points ; puis, la guerre froide disparut ; mais la menace demeura, réanimée à jets continus jusqu’à la réintégration de la France dans l’Otan, aux implications directes sur les rapports mondiaux.  A cet effet, on trouve des causes.  

La guerre froide évanouie fut aussitôt remplacée pour les tenants du capitalisme par deux concepts clés enfermant la civilisation dans une vision désespérante et sans issue positive prévisible :

- la « guerre économique » d’une part, prétexte à toutes les mesures de compression drastique des finances publiques , de démantèlement et de privatisation des services publics au premier rang desquels on trouve l’enseignement supérieur et la recherche ;

 - la « guerre des civilisations d’autre part » saignant les peuples des pays issus du colonialisme, les plongeant dans la misère, l’endettement, la coercition et plus récemment, l’invasion militaire, la destruction pure et simple de leur patrimoine culturel.

Rien n’indique à ce jour de  changement dans les orientations fondamentales à Washington ou à Bruxelles.  Les politiques du FMI, de la Banque Mondiale, de l’OCDE, de l’OMC poursuivent avec ténacité leur œuvre d’asservissement aux exigences du capitalisme mondialisé, dont la financiarisation est un élément indissociable.

De cette course au désastre on peut, et il faut sortir.

Car dans ce temps de tous les dangers, le développement scientifique déploie une voie originale, déjà en germe dès son origine.  Son domaine étant le monde, son rapport à l’humanité fut d’emblée celui de la coopération sans frontières ni rivages.  Le CERN en est l’une des manifestations éclatantes, aujourd’hui le LHC, la numérisation de la Grande Bibliothèque en sont d’autres, lesquelles d’ailleurs portent des conséquences incalculables.  Aucun de ces exemples n’a eu besoin de l’Union Européenne telle qu’elle s’est construite.  Cette même construction entrave l’indispensable coopération Nord-Sud, notamment dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche ; elle la conditionne à des exigences, économiques, politiques, culturelles, scientifiques auxquelles les pays du Sud ne peuvent ni ne veulent souscrire ; elle poursuit, sous des formes nouvelles le pillage des ressources, y compris humaines, du Sud et se moque des programmes de l’Unesco qu’il faudrait puissamment réactiver et démultiplier.  Que cette coopération multiforme soit enrayée, subvertie, dominée aujourd’hui et que les orientations même de la construction européenne menacent y compris les grands équipements mondiaux, ne change rien à cette donnée capitale.  Dans sa trajectoire, la coopération nous fait sortir de la réduction « au marché ».

Le Manifeste des intellectuels de Guadeloupe la résume et l’amplifie : 

« Lier, Allier, Relayer, Rallier, »

De cette tendance issue de la pratique scientifique nous devons tirer tous les enseignements politiques.  Qu’il s’agisse du rôle de l’activité humaine dans le changement climatique, de la nécessité d’une autre croissance soucieuse inséparablement  de la satisfaction des besoins humains, du développement des capacités humaines et du respect des ressources naturelles,  de la conception du littoral comme continuum et non comme mosaïque,  de la réduction des déséquilibres  entre pays développés et pays en voie de développement. C’est là ce qu’on appelle le développement durable.  Il implique la sortie impérative d’une conception prédatrice de l’énergie fossile et facile, le contrôle démographique, la nécessité de la prévention des pandémies, le droit universel à la santé, la maîtrise sociale de l’eau, l’éradication de la famine et de la misère, l’appropriation collective des savoirs et de leur mouvement, des enjeux du numérique.  Tout exige une mobilisation intellectuelle à l’échelle mondiale d’une ampleur sans équivalent dans le passé.

I. Autissier le souligne à sa façon :  « Ce n’est pas tant la quantité ou la qualité de la connaissance qui pèchent que leur croisement et leur partage ».

Aucun de ces défis planétaires n’est compatible avec la conception de l’être humain comme source de profit.  L’activité de recherche a un coût, d’ailleurs dérisoire par rapport aux immenses gâchis dus à la spéculation financière, et c’est pourquoi elle doit être évaluée de façon transparente et démocratique.  Mais comme telle, c’est l’une des démarches par lesquelles l’humanité s’autoconstruit.  La science a besoin de l’aspiration populaire au progrès, la nourrit et s’en nourrit, mais elle n’a décidément pas à se justifier sur le plan économique comme l’a souligné J. Habermas.

Une autre tendance, beaucoup plus nouvelle, se manifeste :  où que ce soit dans le monde, les citoyennes et citoyens n’acceptent plus comme intangible la séparation entre « décideurs » et « exécutants ».  Cette césure colle au développement du capitalisme comme un double.  Le capitalisme d’aujourd’hui pousse aussi loin que possible ce qu’il appelle lui-même « un certain degré d’acceptation ».  La participation des citoyennes et des citoyens aux choix de tous ordres, y compris technologiques et scientifiques qui concernent leur avenir et leur conditions de vie et de travail, s’impose donc à toute politique réellement de gauche.

La limite historique d’un mode de production, d’une organisation sociale et politique se jauge à son incapacité fondamentale à donner sa pleine extension aux tendances nouvelles qu’ils ont contribué à faire mûrir.

La crise systémique du capitalisme dont nous ne voyons que les prémices est le produit de cette contradiction.  Les luttes qui se développent à l’échelle européenne, non simultanées, non linéaires, mais d’exigences ascendantes dans tous les domaines de l’activité humaine, en particulier dans le champ universitaire et de la recherche, appellent aujourd’hui des réponses politiques.  Les défis civilisationnels contemporains conduisent à la même conclusion.

La construction européenne actuelle est véritablement un cas d’école.

Le champ universitaire en Europe a mis en pleine lumière le rôle du « processus de Bologne ».  La déclaration de Bologne s’inspire de ce que l’on appelle le « nouveau management public », combinaison de rhétorique libre-échangiste et de pratiques de contrôles confinant au totalitarisme.  La mise en cause de ce processus chaotique, destructeur de pans entiers de référentiels nationaux en matière de formations diplômantes sans pour autant élever le niveau général d’acculturation des populations est incontournable.  Le LMD a été le levier de la mise en concurrence des établissements d’enseignement supérieur dont la LRU française est une nouvelle étape codifiante.  Les trois déclarations de Paris (1998), de Bologne (1999), de Lisbonne (2000) ne font qu’une.  S’y ajoutent les déclarations et décisions du « Sommet de Louvain »   .

Il est cependant temps de voir que le « processus de Bologne » a une origine :  il s’agit de l’Acte Unique mis au point sous la présidence de J. Delors visant au démantèlement de toute entrave à la « libre circulation des capitaux et des services »,   et un amplificateur, à savoir les cycles successifs de l’Organisation Mondiale du Commerce et en particulier l’AGCS (Accord général sur le Commerce dans les Services).  Par le biais de cet « Accord », sans aucune publicité, sans débat, et sans vote, l’enseignement supérieur n’est plus un droit national inscrit dans la loi, il est redéfini et transformé en bien marchand, en service international pouvant être vendu et acheté à n’importe quel fournisseur international.  Cet « Accord », les clauses qui en découlent sont de l’exclusif ressort de la Commission Européenne.

Soutenir, comme le font des forces politiques situées à gauche de l’échiquier politique européen qu’en changeant la Présidence de la Commission, on peut parvenir à une Europe sociale consiste simplement à prendre l’engagement de poursuivre pour pire.

A cela s’ajoute la vassalisation nouvelle faisant de l’acceptation tacite du rôle dominant des Etats-Unis dans tous les domaines le parachèvement de « la civilisation occidentale », l’exemple anglo-saxon, le modèle intangible d’intendance.  Le dépeçage du CNRS et sa défiguration en agences de moyens, l’AERES, en sont des signes visibles.  Tout cela souligne l’importance de l’alignement inscrit dans le Traité de Lisbonne.

Laissons la parole à un orfèvre :  « La France, elle, n'a pas obtenu les changements réclamés par certains des partisans du « non » au référendum.  La concurrence « libre et non faussée » figure toujours dans le projet, cette fois sous la forme de déclaration conjointe des gouvernements, et la primauté du droit européen sur le droit national est confirmée, par référence à la jurisprudence de la Cour de Justice ».  (Blog de Valéry Giscard d’Estaing).  

 Les choses ne s’arrêtent pas là.  Dans le mouvement irrésistible de la conquête de connaissances nouvelles, la pensée dominante en Europe ne retient qu’un élément :  l’innovation.  Elle le fait à nouveau sous le seul angle qu’elle connaisse, celui de la production de profit dans le cadre d’une guerre économique exacerbée considérée elle-même comme l’horizon ultime de la civilisation et qui conduit à la guerre tout court.  Toute l’activité, tout programme de recherche ne prend sens et but que s’il est mesurable à cette aune.  Les porte drapeaux de ces conceptions constatent eux –mêmes l’inanité des objectifs proclamés (par exemple le fameux chiffre de 3% du PIB devant être consacré à la R-D).  Malgré des incitations fiscales considérables, des financements publics démesurés, sans contrôle ni contrepartie d’aucune sorte, la logique du profit sans produire l’emporte sur toute autre considération.  On va poursuivre et si possible frénétiquement, si possible en tentant une nouvelle fois d’enrégimenter la collectivité scientifique dans la poursuite de ces choix politiques, prétendus seuls de nature à permettre de sortir de la crise que ceux-ci ont alimentée et provoquée.

C’est pourquoi nous considérons que la constitution d’un Front de gauche ouvert au mouvement social, populaire, fondé sur des contenus transformateurs, respectant la personnalité de chacun, est de nature à créer l’élan nécessaire.

C’est pourquoi nous considérons que la contribution de la collectivité scientifique est indispensable à sa réalisation.

C’est pourquoi nous pensons qu’il n’y a pas d’avenir humain sans une puissante coopération avec les pays du Sud, respectant leurs cultures endogènes.  L’Union Européenne comme ses Etats- membres ont des devoirs, n’en déplaise à ceux qui osent aujourd’hui vanter « les mérites de la colonisation » ; leur réalisation passe par une puissante revitalisation des programmes de l’UNESCO dans lesquels ils doivent s’impliquer massivement. 

C’est pourquoi nous considérons que sont indispensables aux objectifs transformateurs affichés la définition nouvelle du rôle, de l’ambition et des formes institutionnelles de l’enseignement supérieur et de la recherche ; nous nous y engageons et nous vous y engageons.

Parce que la mondialité demeure l’unique référentiel possible pour le développement des savoirs, parce qu’il n’y a pas de mouvement des savoirs sans mise en question des pouvoirs, changer d’Europe pour changer le monde est l’affaire du temps présent.

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commentaires

V
<br /> je vous soutien<br /> <br /> <br />
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N
<br /> Blogs are so informative where we get lots of information on any topic. Nice job keep it up!!<br /> <br /> <br />
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O
Merci beaucoup mais il me faut votre qualité ; OLIVIER GEBUHRER
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A
En accord avec le manifeste "Changer d'Europe pour changer le monde", je soutiens le collectif des universitaires et chercheurs communistes, premiers signataires de ce texte. À leur disposition dans la mesure de mes. moyens
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O
Merci Anne .
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